Né esclave en 1822 sur la rive est du Maryland, Isaac Mason échappe à sa condition en prenant la fuite en 1847, à l'âge de 25 ans. Ce n'est toutefois qu'en 1893, soit près de 30 années après l'abolition de l'esclavage par les États-Unis, qu'il publie Life of Isaac Mason as a Slave. Comme son auteur, ce récit est inconnu du grand public - y compris aux États-Unis. Écrit des décennies après l'émancipation, le récit d'Isaac Mason dénonce bien sûr les souffrances endurées par les esclaves, ce qui n'est pas sans rappeler les récits canoniques de Frederick Douglass ou William Wells Brown, mais est aussi une formidable histoire de résilience et de fierté. Il constitue également un témoignage éclairant sur la mobilité et la circulation des Noirs, esclaves, fugitifs ou libres, dans l'Amérique d'avant la guerre de Sécession.
De qui les cultures (et leurs objets témoins) sont-elles « la propriété »? La réponse n'est pas simplement économique, juridique, ou muséographique, elle engage l'histoire humaine. Ce volume aborde les débats contemporains sur la question des restitutions d'oeuvres d'art et objets témoins de culture, et sur la notion de musée, comme gage « désidéologisé » c'est-à-dire « décolonisé » de conservation des patrimoines. Il ne concerne pas seulement les relations entre l'Afrique et la France, mais l'ensemble des cultures mondiales. On y trouve ainsi un témoignage sur la restitution d'un bien hopi, on y voyage de la Nouvelle-Zélande aux Amériques, en passant par le Cameroun, le Sénégal, le Bénin, le musée du quai Branly, la Normandie et l'île de Pâques.
Ce volume est la traduction française d'une anthologie des textes parus dans la mythique revue de poésie d'avant-garde qui a fait école. Ils présentent un spectre d'écritures concentrées sur le langage et les différentes manières de faire sens, et ne considérant ni le langage, ni la grammaire, ni le processus, ni la forme, ni la syntaxe, ni le programme, ni le sujet, comme allant de soi, et d'interroger la relation de l'écriture à la politique.
«Y la culpa no era mia, ni dónde estaba, ni cómo vestia», chantaient des femmes aux yeux bandés dans différentes villes d'Amérique latine en novembre 2019. Cette performance créée par le collectif féministe Las Tesis, a fait le tour du monde. Elle montre la force et la vitalité de l'artivisme dans les Amériques. En 2017, un colloque intitulé «Féminismes et Artivisme dans les Amériques (20e-21e siècles) s'est tenu à l'Université de Rouen et a proposé différentes analyses sur cette thématique. Ce volume monographique est le résultat de cette réflexion collective. Il s'intéresse à la diversité des théorisations et des mobilisations féministes du continent américain, très dynamiques historiquement et de plus en plus visibles depuis la fin du 20e siècle. Le féminisme des Amériques est pluriel et possède une généalogie propre. Ce volume s'attache à décliner ses différentes formes, à savoir, chicano, décolonial, lesbien, queer, entre autres. L'originalité des actions féministes de la région provient de la mobilisation politique de genres artistiques, qu'ils soient musicaux (rap, reggaeton), picturaux ou des arts visuels. Cet artivisme joue ainsi un rôle central dans les formes d'action du continent et ce volume présente leur diversité, leur richesse et leur force créatrice et politique.
Gouverneure des enfants d'Orléans, Félicité de Genlis emmène régulièrement sa petite troupe (dont le futur roi Louis-Philippe) en voyage éducatif: on s'arrête dans les châteaux, mais on visite aussi les jardins, les édifices religieux, les manufactures. Le journal publié ici, inédit, est écrit au fil des jours. Il invite à un voyage sensible dans l'Ouest de la France d'Ancien Régime, au gré des auberges et des rencontres.
Ce premier volume de Mazarin, Rome et l'Italie est consacré à l'histoire. On y envisage d'abord son gouvernement: ses débuts à la vice-légation d'Avignon, son action diplomatique face au nonce Guidi di Bagno ou aux États du nord de l'Italie, son exploitation de la réforme des ordres religieux, son rôle dans la liquidation du ministériat à l'avènement de Louis XIV. On y évoque ensuite son entourage: sa soeur bénédictine, sa nièce duchesse d'Este-Modène, son bibliothécaire Naudé, ses fidèles jésuites. On aborde enfin l'histoire du livre: ses manuscrits issus du don de ceux du cardinal Guidi di Bagno, ses rapports de bibliophilie avec les Barberini, la composante italienne de sa bibliothèque, son image dans les pamphlets de la Fronde. Dans tous les cas ressortent ses liens avec Rome et l'Italie de ses origines.
La lettre, voyageuse par nature, chemine sur les routes d'un lieu à l'autre, de l'expéditeur au destinataire; chronique à deux plumes, ouverte à l'inconnu des jours à venir, la correspondance relie les êtres, raccorde les espaces, connecte les temps.Ce volume rend hommage à la chercheuse, Brigitte Diaz, qui a théorisé le nomadisme épistolaire et activement oeuvrée à la réhabilitation littéraire des correspondances.Traçant librement leurs itinéraires parmi des correspondances variées, les contributions explorent le statut mobile des correspondances (des feuillets épars à l'objet éditorial, de la sphère privée à la sphère publique et médiatique, du document brut à l'élaboration littéraire); elles questionnent la porosité des frontières entre lettres et fiction ainsi que la fécondité des interférences entre l'épistolaire et le romanesque. Elles frayent aussi des chemins dans des corpus épistolaires inédits ou très méconnus, ouvrant la voie à de nouveaux voyages et recherches.
Dans un contexte de profondes évolutions du travail enseignant, cet ouvrage en propose les bases d'une approche géographique. Par approche géographique, il faut entendre toute démarche d'étude et de recherche qui prend comme entrée dans l'analyse des évolutions du travail enseignant, ou considère comme une propriété signifiante de celles-ci, les transformations des espaces de travail. De plus en plus souvent, les enseignants travaillent avec d'autres acteurs de l'éducation. Les salles de classe sont de moins en moins des espaces du huis clos et d'un entre soi enseignant-élèves. De nouveaux lieux du travail enseignant apparaissent à la faveur d'évolutions du système scolaire et des politiques éducatives. Ces recompositions spatiales doivent être comprises comme des indices et le reflet d'évolutions du travail enseignant. Elles font partie des enjeux contemporains d'évolution des professionnalités. Telle est l'hypothèse qui fonde cette approche géographique.Entre ouvertures disciplinaires, vers le travail pour la géographie, vers l'espace et le territoire pour les sciences de l'éducation, et multiplicité des terrains d'observation de changements, l'ouvrage procède à l'exploration de certaines des frontières actuelles de l'espace professionnel élargi des enseignants.
On ne s'étonnera pas de voir que le CIRIEC France ait choisi le thème du numérique pour ce nouvel ouvrage publié dans la collection Économie publique et sociale des PURH.Le numérique est devenu une composante essentielle de la vie individuelle et de la vie collective des citoyens dont on est loin d'avoir à ce jour exploité toutes les virtualités. La littérature à son sujet est déjà abondante, mais le CIRIEC est particulièrement bien placé pour apporter une contribution socialement utile à l'édifice des connaissances sur le sujet.Le CIRIEC France réunit en effet des chercheurs et des praticiens, ce qui lui permet de déployer une approche à la fois scientifique et pragmatique. Il s'intéresse à l'économie publique et à l'économie sociale ainsi qu'à toutes les formes d'action collective au service de l'intérêt général. Il s'inscrit dans un réseau international dont les apports ont été reconnus en 2020 par les instances onusiennes.
L'évolution et le maintien des compétences est une préoccupation forte pour les milieux et les personnes qui ont à penser la continuité des activités de travail. Or cet enjeu, exprimé aussi bien en dehors du travail qu'en son sein, est remodelé par l'actualité politique des réformes sur la formation professionnelle qui réinterrogent les conditions et les modalités de transmission-apprentissage en milieu de travail.Au croisement de recherches en sciences de l'éducation et de la formation, et de l'ergonomie constructive, cet ouvrage apporte un éclairage sur ces enjeux renouvelés et ouvre le débat autour de trois thématiques: celle des conditions de circulation et de partage de l'expérience professionnelle en situation de travail; celle des formats de transmission de l'expérience, d'étayages et d'interactions apprenantes au travail et celle des questions de conception de dispositifs favorisant la transmission professionnelle à travers des ingénieries de formation en situation de travail.Les contributions portent ainsi un regard interdisciplinaire sur la professionnalisation, la considérant comme un processus fortement dépendant de la qualité des articulations entre formation et travail. Le livre intéressera donc au premier chef la communauté scientifique, mais donnera également des repères aux professionnels et aux praticiens de la formation professionnelle.
L'université est une institution ancienne qui a énormément évolué depuis cinquante ans et qui est au coeur d'enjeux cruciaux pour l'avenir de la France. Elle a vu ses missions progressivement croître et de nombreuses lois et initiatives locales, nationales et internationales sont intervenues ces dix dernières années qui ont contribué à faire de l'enseignement supérieur, et des universités en particulier, un secteur en perpétuelle transformation.Cet ouvrage s'attache à dessiner le portrait des universités au tournant des années 2020. Il s'adresse à tous ceux qui ont des responsabilités au sein des universités ou sont appelés à en prendre, aussi bien qu'aux étudiants et aux chercheurs, français ou étrangers, qui s'intéressent aux universités et à l'enseignement supérieur en France. On y trouvera à la fois un état des lieux de leur fonctionnement et une présentation des principaux enjeux du champ universitaire, abordés de manière synthétique, exhaustive, rigoureuse et accessible.Des acteurs de premier plan en responsabilité dans l'enseignement supérieur, des experts du champ universitaire et des chercheurs y abordent l'histoire de l'université, son organisation et sa gouvernance, les questions de formation et de vie étudiante, l'organisation de sa recherche, l'évolution de son pilotage, ainsi que les principales fonctions au service des activités de formation et de recherche.
Cette monographie consacrée à Mauprat (1837), roman de George Sand, propose une réflexion sur ses enjeux politiques (les droits fondamentaux et en particulier les droits des femmes), en les contextualisant. Elle comporte en outre une analyse de la composition, de l'esthétique et de la logique du récit; elle cherche à cerner la singularité de ce discours et de ce style, tout en identifiant ses ascendants littéraires et philosophiques.Mauprat interroge la stéréotypie romantique du masculin héroïque (brigands, lions, séducteurs sentimentaux, chevaliers et révoltés), et fait dysfonctionner l'histoire d'amour avant de la remettre sur pied.
La bibliothèque de Rouen est l'une des bibliothèques municipales françaises les plus importantes par ses collections. Son histoire est exceptionnelle tant par les fonds que par les hommes et les femmes qui ont oeuvré à son service et à celui du public. Les manuscrits des abbayes normandes, les livres imprimés du XVIe siècle à nos jours, les dessins des XVIIe et XVIIIe siècles, les photographies, les manuscrits de Flaubert donnent à l'institution une aura locale, régionale et internationale. La bibliothèque qui comptait 20 000 ouvrages à son ouverture en 1809 voit ses fonds s'enrichir de plus de 140 000 unités à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle grâce à des achats ou des dons remarquables. Citons notamment les bibliothèques Leber et Montbret, la collection de Jules Hédou, le don des manuscrits normands de Flaubert par sa nièce Caroline Franklin-Groult.Ce livre est une histoire des lieux, une galerie de portraits des bibliothécaires qui, à la suite de dom Gourdin le premier d'entre eux, développent l'institution avec le soutien des maires. Pensons au savant historien André Pottier, à l'ouvrier-poète Théodore Lebreton, à l'ami de Flaubert Louis Bouilhet, au journaliste Eugène Noël, à Henri Labrosse qui pose les fondements du réseau des bibliothèques de quartier et de la lecture publique. Cet ouvrage donne également la parole aux souvenirs des personnels et des lecteurs pour lesquels la découverte des collections a souvent été primordiale. L'histoire s'arrête à la fin du XXe siècle. Le XXIe siècle est une autre aventure.
Souvent premiers employeurs des villes où ils sont installés, objets de débats politiques et de mobilisations citoyennes, en particulier au moment des regroupements, fusions et désaffections d'établissements ou encore en période de crise sanitaire, les hôpitaux sont au centre de la vie économique, sociale et politique mais aussi culturelle des cités.Cet ouvrage cherche précisément à mettre en évidence l'ancienneté de l'emprise urbaine des hôpitaux ainsi que celle des liens entretenus entre ces espaces d'assistance et, de plus en plus, de soins, avec les sociétés urbaines du Moyen Âge à nos jours et souligne le rôle important joué, à travers les siècles, par l'hôpital dans la vie de la cité.
Reynold Arnould, né au Havre en 1919, fut d'abord un peintre dont les prédispositions précoces se sont révélées au sein des milieux artistiques rouennais. Grand prix de Rome de peinture en 1939, c'est dans le Paris d'après-guerre qu'il entreprend une carrière d'artiste et s'affirme comme un représentant talentueux de la Nouvelle École de Paris. Son oeuvre, présentée dans les sélections officielles, sera largement diffusée en France et à l'étranger.Artiste, Arnould fut aussi un grand créateur de musées. Conservateur des musées sinistrés du Havre en1952, il recrée un musée d'histoire, invente un musée d'Art moderne dans une boîte de verre et de métal et devient en 1961 directeur de la première Maison de la culture pensée et installée par ses soins dans son musée. En 1964, chargé par le ministre des Affaires culturelles d'aménager les Galeries nationales d'exposition du Grand Palais il en devient le directeur artistique jusqu'en 1980, tout en assurant la conservation du musée de Blérancourt.Son parcours d'artiste et de conservateur, à travers la féconde diversité de ses missions, entre dans une belle résonance avec une histoire des institutions et des politiques artistiques et culturelles de la France des Trente Glorieuses.
Cet ouvrage collectif témoigne de la volonté de s'engager activement dans une série de collaborations scientifiques, sociales et artistiques sur la vulnérabilité, et ce, autour du sujet animal. Il se consacre à l'ontologie animale ou la zooontologie qui questionne sur ce que sont les animaux, et souvent, par ricochet, à ce qui les distingue ou les rapproche fondamentalement des êtres humains. L'ontologie animale s'intéresse aux animaux en eux-mêmes, non pour donner un discours sur l'homme, mais pour les penser en eux-mêmes. Que sont-ils, ou plutôt qui sont-ils? Comment les connaître? Quel effet cela fait d'entrer en contact avec un animal d'une autre espèce? Y a-t-il un psychisme animal? Quelle forme de rationalité manifestent-ils? L'approche est bien souvent continentale, phénoménologique, mais pas exclusivement.
Chaque année, les journées archéologiques de Normandie permettent la rencontre des acteurs de la recherche régionale, qu'ils soient professionnels ou bénévoles, et la restitution au public des fouilles ou des études récentes. Organisées par le ministère de la Culture et de la Communication, la direction régionale des affaires culturelles de Haute-Normandie, le service régional de l'archéologie, et le Centre de recherches archéologiques de Haute-Normandie (CRAHN), elles se sont déroulées les 20 et 21 avril 2018 à Rouen. Les articles démontrent la vitalité de la recherche archéologique en Normandie.
«L'écriture et l'édition: elles ont partie liée, chez Christophe Lamiot Enos, à la même nécessité. Dont nous nous tenons dit aussi bien l'une que l'autre, dans un mouvement qui éclaire en dégageant l'obscur, la ressource des textes, de ceux qu'on porte en soi, de ceux des autres qu'il faut porter. Le tout forme une exposition. Nous sommes invités à en éprouver le surgissement. Car la poésie de Christophe Lamiot Enos est poésie dans le temps: il la reprend à ses dommages, la risque à nouveaux frais comme il ouvre le livre de ce qui advient, l'écriture des autres» (Caroline Andriot-Saillant).
Au moment où la tragédie lyrique entre en crise, Fontenelle se penche sur les questions de poétique et de dramaturgie musicale, faisant entendre la voix d'un Moderne convaincu de la puissance d'enchantement du spectacle offert par l'opéra et ses machines. À travers la réflexion de Fontenelle sur les formes génériques, à travers les reprises et les parodies de ses oeuvres, ce volume tente de comprendre comment ce moment de crise a pu être surmonté.
L'ouvrage, auquel ont contribué des chercheurs de tous horizons juridiques, dresse un large panorama de la place qu'occupe la notion de territoire dans les différents domaines du droit. Malgré la liberté laissée aux différents auteurs dans le choix de leurs contributions spécifiques, il aboutit au constat que la réflexion sur le territoire s'accompagne inévitablement d'une réflexion sur l'État, y compris lorsqu'il s'agit de s'en affranchir.
La revue Penser l'éducation est une revue scientifique internationale à comité de lecture, adossée au Centre interdisciplinaire de recherches sur les valeurs, les idées, les identités et les compétences en éducation et en formation (CIVIIC), laboratoire de l'université de Rouen.Cette revue, qui existe depuis 1996, s'inscrit dans le champ spécifique qui croise la philosophie de l'éducation et l'histoire des idées pédagogiques.Traditionnellement, ces deux aspects sont reliés et relèvent de la philosophie de l'éducation. Penser l'éducation n'est pas un titre anodin, il porte une injonction et une promesse: en ces temps de mutation, il s'agit de (re)penser, à nouveaux frais, l'éducation, dans ses principes, ses finalités, ses valeurs, ses pratiques et leurs conséquences.Deux numéros sont publiés chaque année. Ils ont la particularité d'être composés, sans contrainte thématique, uniquement de varia et de comptes rendus de lecture. La taille des articles n'est ni formatée ni normalisée, sans autre justification que celle d'un processus d'évaluation rigoureux.
L'école «autrichienne» d'économie, objet de ce numéro de la revue Austriaca, constitue plus qu'une école d'économie politique nationale. Courant de pensée majeur dans les sciences sociales et en économie politique en particulier, comme dans les politiques économiques au long du siècle et demi écoulé depuis sa fondation, cette école est un cas d'étude exceptionnel pour l'épistémologie sociale, perspective dans laquelle situer globalement l'approche des contributions internationales éminentes ici rassemblées.
Les contributions de la partie thématique de ce nouveau numéro de Sculptures, intitulée «Revoir la commande. Regards sur l'art et l'espace public» évaluent les résultats des politiques artistiques dans les rues de villes de France et d'Allemagne. Les Varia sont constitués d'essais sur Paul Gasq, Damien Hirst et ORLAN. Dans la partie «Actualités», les conservateurs des musées de Besançon et de Colmar présentent leurs collections de sculpture.
Dans les dernières années de sa vie, Scarron a beau être cloué sur sa chaise de paralytique, sa plume alerte n'a rien perdu de son allégresse ni de sa vivacité: dans le Roman comique, les tribulations d'une troupe de théâtre au Mans sont l'occasion d'une fantaisie romanesque foisonnante, où les anecdotes de taverne et les scènes de farce alternent avec les nouvelles sentimentales et les histoires de pirates. Grands seigneurs méchants hommes, belles dames mystérieuses, hommes de loi véreux et comédiennes trop séduisantes constituent le personnel hétéroclite et haut en couleurs d'aventures trépidantes au rythme échevelé, bâties sur de permanentes ruptures de ton. Contrepoint des grands romans de l'époque, inspiré aussi par une veine espagnole picaresque, soutenu enfin par une verve ironique dévastatrice, le Roman comique nous donne une image inattendue de la France du XVIIe siècle: celle des duels et des relais de poste, celle des chemins de boue et des châteaux perdus, celle des eaux-fortes de Jacques Callot et d'Abraham Bosse. Malgré son inachèvement, le Roman comique constitue à coup sûr une savoureuse scène de la vie de province au temps de la Régence, dont bien plus tard Théophile Gautier saura se souvenir en composant son Capitaine Fracasse.